Clé de voûte de tout recrutement: l'interview. Discussion de café du commerce ou interrogatoire rigoureusement structuré? A mi-chemin entre ces deux extrêmes, l'entretien semi directif (à la fois cadré et spontané) est, fort justement, privilégié par les recruteurs. Pour autant, les questions posées aux candidats sont-elles toujours pertinentes?
Passons sur le fait que les compétences techniques des
postulants ne sont pas toujours validées. Et attachons-nous à l'évaluation de
leur personnalité, de leurs fonctionnements: c'est ici que le bât blesse (le
plus).
De l'intervieweur amateur …
Ordinairement, l'intervieweur amateur cherche à
engager quelqu'un qu'il apprécie. Son clone, donc: "Un gars autonome, qui
sache se prendre en main, dans un bon esprit d'équipe. Comme moi..." Le
connaisseur (croit-il) est lui en chasse de la personne conforme à l'image
qu'il se fait du métier: "Un vendeur capable de séduire le client, un
négociateur habile, apte à conclure rapidement l'affaire."
… au recruteur professionnel
Rares sont les recruteurs à prendre le soin d'établir,
avant l'interview, le profil comportemental précis et concret du candidat
idéal: "Quels comportements spécifiques ce commercial spécifique
devra-t-il adopter avec ces clients spécifiques?" S'agit-il uniquement de
séduire, négocier et conclure?
Je me rappelle l'interview passée, dans une autre vie,
chez un éminent banquier. On m'avait prévenu de son tempérament créatif et
égocentré. D'emblée, je lui ai posé une question sur ses projets: il m'a parlé
pendant une heure... et m'a engagé.
Comme l'écrivait François Gaston, duc de Lévis: "Il est encore plus facile de juger de l'esprit d'un homme par ses questions que par ses réponses."